2004 J’ai fait un rêve
Article mis en ligne le 25 novembre 2005
dernière modification le 14 septembre 2014

par LABROUSSE Jean

Ce soir là j’avais travaillé tard pour préparer une conférence que je devais faire sur le thème du changement climatique. Aussitôt endormi je me trouvais plongé dans un nouveau monde.

Nous étions en 2205. Brillautin le Cinquième, notre Maire vénéré, venait de prendre un Edit renommant notre bonne ville : La Palmeraie-Parly II.

Le seul grands chêne, qui avait échappé aux promoteurs immobiliers et qui avait trôné un temps sur le dernier are de verdure, en face de la mairie, avait été, au cours de la deuxième moitié du XXI ème siècle, remplacé par un chêne liège. Ce dernier, à son tour, n’avait pas résisté à la sécheresse et à l’ensablement. Il avait rendu l’âme sous la poussée du palmier ; « L’espace verdure » de la ville.

Je me réveillais en sueur. Heureusement ce n’était qu’un cauchemar. Par la fenêtre je voyais les pelouses fleuries, j’habitais toujours Le Chesnay et notre Maire, Philippe Brillault, venait de demander à ses colistiers de réfléchir à la possibilité de changer le nom de notre ville en « Le Chesnay-Parly II ».

C’est là un véritable sujet d’actualité !

Il est temps de mettre fin au calvaire de ces conseillers municipaux à la recherche de leur propre identité ! Ils appartiennent certes à un conseil municipal, mais d’une ville seule connue des ses habitants.

Il n’y a que les choses que l’on peut nommer qui existent et personne ne saurait nommer Le Chesnay. Ils vivent donc dans un non-lieu. Ils sont, en quelque sorte, des SDF de la deuxième espèce.

Par contre, à l’énoncé de Parly II, les yeux de tous nos compatriotes, peut-être même de certains étrangers, se mettent à briller de convoitise. Imaginez toutes ces belles choses que chacun peut acquérir. C’est mieux qu’EDF, on n’a même pas besoin d’acheter des actions pour entrer dans ce temple de l’abondance.

Mais oui ! Mais c’est bien sur ! Voilà la solution ! Il suffit d’anticiper « l’Edit Brillautin » et l’on devient « Le Chesnay-Parly II » qui, tout naturellement, sera renommée un jour « La Palmeraie-Parly ».

Mon arrière petit-fils auquel j’expliquais cela me rétorqua derechef :

  • Mais, papy Jean, si l’on appelle notre ville Le Chesnay-Parly II c’est qu’il existe un Parly I !

La remarque me parut pertinente.

Avec son aide, nous fouillions ma bibliothèque de fond en comble, nous consultions notre collection de dictionnaires, rien. Certes l’internet interrogé, merci google, nous instruisait de l’existence d’un Parly dans l’Yonne, mais quel rapport ce village avait-t-il avec notre ville ?

Je me souvenais alors que ce nom avait été donné par un certain Balkany. Son premier choix, Paris II lui ayant été refusé, il avait du se rabattre sur Parly II.

Horreur ! Voilà qu’après s’être battus pour garder à notre ville son identité, après avoir lutté pour ne pas qu’elle soit banalisée, peut-être même absorbée, dans une Communauté du Grand Parc - menée par un affreux gauchiste qui va jusqu’à dénaturer sa belle ville en y construisant des logement sociaux - nos édiles allaient donner à notre métropole un nom de second choix. Une sorte de pis aller, en quelque sorte !

Heureusement ce n’était qu’un projet et tous les colistiers de notre Maire réfléchissaient.

Soyons un instant sérieux. Il y a des sujets qui me semblent plus importants.

Comme un inventaire à la Prévert je pourrais citer :

• Comment respecter la loi sur la mixité sociale, comme le réclame notre Président ?
• Comment maintenir la cohésion sociale dans notre ville sans attenter aux libertés individuelles ?
• Comment éviter qu’une partie de nos compatriotes vivent les pieds dans l’eau aussitôt que le ciel se fâche ?
• Comment assurer aux adolescents un lieu de rencontre autre que celui du Centre Commercial, (interview de M Brillault aux « Nouvelles de Versailles » du 28.09.05 sur l’implantation de Mac Do à Parly II) ?
• Comment revoir la tarification de nos services, de telle sorte que tous les enfants du Chesnay puissent en bénéficier, quel que soit le revenu de leur famille ?

La liste est longue et non limitative.

Ne sont-ce pas là des sujets plus pressants que celui de promouvoir une enseigne commerciale à travers le changement de nom de notre Commune ?

Dans les communes qui nous entourent c’est le nom de la ville qui a donné son nom au centre commercial et non l’inverse.

Toute une éthique !